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histoires d'amour - Page 2

  • Qui connait Cressida?

    C'est très excitant de découvrir une pièce de Shakespeare dont jusqu'alors on ignorait jusqu'à l'existence. La découvrir à la sortie d'une cure d'amaigrissement: J.L. Jeener a recompacté en un format d'une heure et quart et six acteurs cette 8866cb970881a33d0aad981aea574caa.jpghistoire d'amour à gros budget sur fond de guerre de Troie. En pratiquant des coupes radicales, ce qui explique sans doute pourquoi la sage Cressida couche dés le premier soir. Son troyen de Troïlus préfère faire l'amour que la guerre, on le comprend. On a droit à de belles scènes à deux et de hardies répliques. Comme c'est une tragédie, ça se complique: dans le cadre d'un obscur échange d'otages les habitants d'Illium envoient la belle se faire voir chez les grecs. La faute à la raison d'état!

    Que ceux qui veulent enfin voir une pièce de William S. sans en connaître d'avance la fin passent directement au paragraphe suivant: Troïlus se lamente, mais ne s'oppose pas à la transaction. Ce garçon est agaçant à force de naïveté. Il se contente d'échanger des serments avec sa bien aimée. Mal lui en prend car, une fois passée du bon coté de la muraille de Troie, Créssida se liquéfie sur pied sous le regard mâle et dominateur de son gardien Diomède. A moins qu'elle ne simule- mais vraiment très bien alors- et en pince toujours pour Troïlus. On a des doutes, toujours la faute aux coupes?

    C'est en tous cas joué énergique, cure de minceur oblige. Les deux filles dominent le terrain et de très haut: déjà Ellyn Dargance en entremetteuse espiègle, et surtout Alicia Roda en Cressida, toujours intense, crédible le plus souvent, d'abord en vierge amoureuse et frémissante. Puis, dans la dernière scène, très joliment indécente. Même sans doute autant indécente qu'on peut l'être tout en restant habillée. Chez Shakespeare, derrière la verdeur des mots, la vérité des corps n'est jamais loin.

    C'était Troïlus et Cressida de William Shakespeare, mis en scène par Jean Luc Jeener au Théatre du Nord Ouest. En alternance jusqu'à mars 2008.

    Guy

    La grande nouvelle, c'est que l'intégrale Shakespeare a commencé au T.N.O..

    L'intégrale.

    Toutes les pièces de Shakespeare.

    Toutes.

  • Le tour du monde en 80 jours: une piece plus qu'amusante

    Cette pièce ne raconte pas la véritable histoire. Ils ont recopié cette histoire de Jules Verne pour en faire une pièce de medium_tour_du_monde.jpgcomédie. Du rire toujours du rire dans toute les scènes. Les acteurs de Phileas Fogg, Passepartout Aouda, et les autres acteurs seront là pour vous faire hilarer du début jusqu'à la fin.

    Thélonius(envoyé special, CM1)

    Le Tour du Monde en 80 jours, d'après Jules Verne, adapté et mis en scène par Sébastien Azzopardi et Sacha Danino, au Lucernaire jusqu'à début juin.

  • La Ville des Enfants Perdus

    Il faut ouvrir les portes de "La Ville dont le Prince est un Enfant", entrer sur la pointe des pieds dans cet espace clos, aujourd’hui disparu, une institution catholique d'avant guerre. Un lieu confiné, masculin des maîtres aux élèves, un lieu codifié, les règles y sont dites, ou seulement implicites. Lieu d’abnégations, de devoir, de dévouement, de pouvoir, et d'abus de pouvoir. medium_Montherlant.3.jpg

    Un lieu où l'on forge les âmes, où l'on contrôle les cœurs, et les amitiés. Les enfants sont insouciants parfois, terriblement graves le plus souvent, presque autant que leurs maîtres. Ces amitiés naissent et s’enflamment, particulières parfois, tout est dans la litote, mais rien ne porte ici à ricaner. Car quelle est la vraie nature de l'amour ? Et qui sera autorisé à dire, qui sera autorisé à décider, si cet amour est pur, ou condamnable? Celui qui en juge sera appelé plus tard à lui-même être jugé.

    Il faudra toute la pièce pour que cette réflexion- à chaque réplique sous-jacente, s'exprime au grand jour. Mais de manière assez subtile et ambiguë alors, pour que chacun puisse en tirer sa propre morale.

    Pourtant, comme toujours chez Montherlant, l'amour- qu’il soit filial, ou presque, ou non- se vit en terme de pouvoir. Cet amour est emprunt de dureté, toujours dangereusement proche de la déception et du mépris. Les personnages de Montherlant, décidément, ne savent aimer sans vaincre, ou sinon tout perdre, muets, meurtris, foudroyés. La religion est ici tout sauf une consolation, bien au contraire. Plutôt une manière de vivre le sacrifice que l’on fait ou que l’on vous impose, dans le dépassement de soi, sinon dans l'amertume et le regret.

    La construction est rigoureuse, linéaire, acétique. Le texte est joué sans affectation, au plus prés de la vérité, et en oubliant tout le reste, par trois générations de comédiens qui s'affrontent ici en duels successifs, jusqu'au final. Trois âges de l’acteur: de tout jeunes gens fougueux qui incarnent les élèves, Pascal Parsat(l'abbé de Pradts), dans la force de l’art et de l’age, technique, physique, hallucinant, enfin Robert Marcy (le père supérieur) imposant de retenue et d'intensité, à qui il suffit d’un regard pour jouer une situation.

    Au T.N.O. encore, et toujours dans le cadre de l’intégrale Montherlant, mis en scène par Jean-Luc Jeener.

    Guy

  • Pasiphaé- mais si, on s'y fie quand même

    Excellente nouvelle: Le T.N.O. a entamé très discrètement depuis début Juillet un cycle Montherlant. L'intégrale, soit seulement16 pièces en alternance, c'est beaucoup moins que pour le cycle Jeanne d'Arc par exemple. On ne se pardonnerait medium_Pasiphae.2.jpgdonc jamais, et puis pour d'autres raisons, de ne pas toutes les voir, d'ici fin décembre.

    Comme on est prudent, on a commencé dés hier soir. Par une entrée atypique: Pasiphaé m.e.s. par Damiane Goudet. La pièce est -semble-t-il -composée d'extraits du Chant de Minos de Montherlant, et de Pasiphaé d'Euripide.Comme on ne connaissait aucun des deux textes, on a pas été gêné par les enchaînements.

    Révision: Pasiphaé, Reine de Crète et épouse de Minos, éprouve une attirance violente et irrésistible pour un taureau. Jusqu'à y céder. De cette union naitra: le Minotaure, vous l'avez deviné.

    Le sujet était donc très improbable, littéralement monstrueux. Et délicat à représenter.

    Mais, de par la force du texte et/ou de l'interprétation, rien n'a basculé dans le ridicule, à aucun moment. Car c'était de la passion, extrême forcement, dont il était question, celle qui se considère elle-même horrifiée, qui craint et brûle de se dévoiler au monde, mais persiste à se consumer jusqu'à s'accomplir tristement, toute jouissance morte née.

    Il faisait donc très chaud, le jeu halluciné de Pasiphaé était aussi grave que le lieu, le choeur féminin chantait juste et montait en crescendo, on se sentait plus que jamais taureau.

    Guy